Cinq questions à Xavier Jouven, Directeur fondateur du CEMS

 

 

Xavier Jouven, Directeur du CEMS et vice-président de l’association est revenu pour GHW sur le fonctionnement des recherches au sein du CEMS et il dresse un premier bilan depuis sa création en 2011.

GHW : Comment a évolué la recherche depuis l’ouverture du CEMS en 2011 ?
Pr Jouven : La recherche a évolué de façon exponentielle. Un grand nombre de nos publications scientifiques ont été reprises dans le monde entier.
GHW : Quels sont les objectifs du CEMS ?
Pr Jouven : L’objectif est de tripler le taux de survie après la survenue d’un arrêt cardiaque dans les 10 ans sur Paris et petite couronne (75, 91, 92, 93, 94). Par ailleurs, une meilleure identification des sujets à risque, notamment parmi les patients avec maladie coronaire, est nécessaire.
GHW :  Quelle est la principale difficulté que vous rencontrez pour atteindre ces objectifs ?
Pr Jouven : Aujourd’hui, il est évident que ce qui nous manque ce sont des financements. L’argent nous permettrait d’engager des chercheurs et de faire avancer plus rapidement les programmes de recherche. Par exemple, nous travaillons actuellement avec des attachés de recherche clinique qui sont indispensables mais pour pouvoir en engager un il faut compter entre cinquante et soixante mille euros par an.
GHW : Comment fonctionne la recherche au CEMS ?
Pr Jouven : Au CEMS, il y a 5 modules de recherche. Le 1er concerne la prédiction à long terme. Pour cela 10 000 sujets sains sont suivis sur le long terme avec un bilan médical annuel. L’objectif est de trouver les facteurs prédictifs d’un arrêt cardiaque. Le 2ème module concerne la prédiction à court terme. Sur 8 000 patients qui subissent un infarctus du myocarde, 400 ont développé un arrêt cardiaque. Le but est de comprendre ce qui se passe dans les minutes qui précèdent l’arrêt cardiaque. Le 3ème module concerne les facteurs associés à la survie. Si l’on comprend les facteurs qui influencent l’arrêt cardiaque alors on peut trouver des solutions pour améliorer les chances de survie. Par exemple l’hypothermie; refroidir les survivants en réanimation améliore leur pronostique neurologique.
Le 4ème module consiste à suivre les patients qui ont survécu à un arrêt cardiaque de manière bi-annuel. Un suivi cardiovasculaire et neurologique. Enfin le dernier module de recherche concerne l’exploration cardiaque des apparentés du 1er degré de la victime. Malheureusement, nous rencontrons deux obstacles sur ce module, l’argent et la difficulté à joindre les apparentés. La connexion avec la famille est très difficile à mettre en place.
GHW : Où se situe la France dans la recherche cardiaque au niveau mondial ? Travaille-t-elle avec d’autres pays ?
Pr Jouven : Aujourd’hui, il existe cinq grands groupes de recherche mondialement très connus. La France et les Etats-Unis sont leaders. Le CEMS collabore principalement avec les Etats-Unis dont le Cedars Sinai Medical Center de Los Angeles, l’Université de Washington à Seattle et également le Brigham and Women’s Hospital de Boston. Le CEMS travaille également directement avec les chercheurs danois, italiens et allemands. Les collaborations sont directes, régulières et surtout très bénéfiques.